Voyage au Port

Le port est un lieu d'ancrage imaginaire pour l'esprit. Synonyme de départ et de liberté, il reste, par excellence, le lieu d'élection du rêve et de la contemplation. C'est une porte et une frontière, un passage dans la marge, au bord du monde : ce n'est pas encore la mer, mais ce n'est déjà plus la terre. Entre ces deux parenthèses, le port demeure ce lieu singulier, hésitant, au-delà duquel l'inconnu affleure, indicible. Tout laisse à penser, à rêver, que le départ est possible, l'embarquement immédiat.

Le port est la fenêtre par laquelle on s'est subrepticement introduit et qui permettra peut-être de s'échapper. Cette fenêtre devient quelquefois miroir où, à force de chercher l'image de l'autre, on se découvre soi-même.
(Nicasio Perera San Martin, Les quais sont toujours beaux, 1990)